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Le panier

Les bases des Achats Responsables ISO 20400 : Le besoin

Posté par Carlotta Bourdonnais le
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ISO 20400

LE BESOIN

 

La démarche d’achats responsables influence les quatre piliers cardinaux du quotidien de l’acheteur :

  • L’expression du besoin ;
  • La détermination du produit ;
  • La sélection du fournisseur ;
  • La nature de la relation fournisseur.
Intéressons-nous tout d’abord à la notion de besoin.


L’expression du besoin

Classiquement, la mission de l’acheteur vise à satisfaire les besoins de son organisation en obtenant le meilleur rapport qualité prix.

Pour y parvenir, il lui incombe de définir avec finesse le niveau de qualité recherché, en termes de caractéristiques, de quantité, et de délai.

La démarche de l’acheteur responsable devra cibler plus large : Elle visera à concilier l'objectif de performance économique toute en recherchant de l'impact le plus positif possible sur le plan environnemental et/ou sociétal.

En amont de son sourcing, définir le juste besoin jouera donc un rôle déterminant.

Deux expressions peuvent illustrer cet enjeu d’équilibre :

  1. Tout d’abord, le « ni trop, ni trop peu » : Avec l’aide de ses prescripteurs, l'acheteur veillera à calibrer sa recherche au plus près du besoin réel, tant en qualité qu’en quantité. L’objectif est de prévenir risques de surqualité inutile, les risques de surstocks ou de gaspillage qui coûtent cher et mobilisent de la trésorerie, sans compromettre pour autant le bon fonctionnement de l’activité (problème de conformité, rupture…);
  2. Ensuite, le « moins, mais mieux » pourrait à lui seul résumer la démarche responsable : l’acheteur responsable cherchera à satisfaire correctement le besoin réel tout en recherchant à minimiser l’empreinte écologique de ces achats ou à maximiser son impact social. Cette approche multicritère conduira à préférer le « mieux disant » au « moins disant ».


L’intégration de la dimension RSE aux achats permettra d’ouvrir le champ de réflexion pour satisfaire le plus efficacement possible le besoin.

Parmi ces possibilités, l'économie circulaire offre une mine d’options à explorer.

L’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC) et l’ADEME définissent l’économie circulaire comme « le système économique d'échange et de production qui cherche, à tous les stades de vie des produits (biens ou services), à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à réduire l'impact sur l'environnement, tout en développant le bien être des individus ».

A contrario de notre modèle économique extractif, linéaire, et générateur de déchets ultimes, l'économie circulaire mise sur la préservation des ressources, la prévention des déchets, leur revalorisation en ressource, et en dernier lieu leur recyclage.

Plusieurs domaines liés au concept d'économie circulaire intéresseront l’acheteur responsable :

L’économie de la fonctionnalité, tout d'abord, cherche à transformer le produit en service, en passant de la possession à l’usage. Cette approche permet d’appréhender le besoin sous l'angle de sa finalité, et de préférer louer le service rendu par le produit plutôt que l’acheter.

De nombreux modèles économiques reposent déjà sur ce principe :

Par exemple, sur son segment « poids lourds », le groupe Michelin loue l’usage de pneus de haute technologie au kilomètre parcouru. Dans ce contrat de location, le fabricant se charge du montage, de l'entretien et de l'optimisation de la consommation de carburant de ses clients. Il s’occupe également du recyclage des pneus en fin de vie. Ce modèle a permis au fabricant de diviser par trois sa consommation de matières premières et d'augmenter ses marges. De leur côté, ses clients ont enregistré en moyenne une baisse de 36% de leurs coûts sur ce poste, ainsi qu'une réduction de 11% de consommation de carburant par kilomètre parcouru.

Autre exemple, le fabricant de solvants allemand Safechem loue également à ses clients l’usage de ces produits, et les récupère en fin de vie. Cette approche lui permet de régénérer 90 % de la matière première pour la remettre en circulation à prix compétitifs. Dans ce cas, l’acheteur réalise des économies tout se dédouanant des frais de destruction du déchet final.

L’économie de la fonctionnalité, ou de l’usage, présente de multiples intérêts : Il incite le fournisseur à proposer des produits plus durables, réparables, en évite l’obsolescence programmée. L’acheteur profite pleinement pour sa part de l'expertise métier de son fournisseur pour son usage, et optimise la gestion de fin de vie du produit, dont il n’assume plus la responsabilité.

Lorsque la solution technique n’existe pas déjà, l’acheteur peut définir son besoin sous une approche fonctionnelle. L’analyse fonctionnelle consiste à identifier les fonctions que doit remplir le produit ou le service, plutôt que de déterminer des spécifications techniques précises et limitantes au produit.

Dans un cahier des charges fonctionnel, l’acheteur détermine avec précision les objectifs d'usage et les impacts RSE recherchés. Cette approche ouvre la voie à des propositions de valeur innovantes de la part des fournisseurs, pouvant conduire à l’émergence d’un avantage comparatif. Cette approche permet également de déplacer le champ de la négociation, traditionnellement axée sur le prix, vers la recherche d’objectifs RSE communs. Cette démarche favorise la dynamique de coconstruction et la synergie partenariale vers la création de valeur partagée.

Pour aller plus loin sur la méthodologie de l'analyse fonctionnelle, sachez que la norme Afnor NF EN-16271 sur « le management par la valeur - expression fonctionnelle du besoin et cahier des charges fonctionnel » permettra de vous accompagner dans cette démarche.

L'acheteur responsable peut aussi, dans certains cas, s’intéresser à l'économie du partage ou collaborative :

Cette approche vise à se rapprocher des acteurs de sa filière ou de son territoire en vue de mutualiser les coûts d’usage de certains produits ou services, lorsqu’un usage partagé peut être envisagé. Ces initiatives peuvent prendre différentes formes - contractuelle, associative ou coopérative – et sont déjà fréquentes dans divers domaines (agricole, services interentreprises, maison de santé…). Elles sont génératrices d’économies sur les coûts d'acquisition et de fonctionnement tout en améliorant l'empreinte environnementale.

La piste encore récente de l'écologie industrielle et territoriale (EIT), poussée par la loi TECV de 2015, peut dans certains cas s’avérer intéressante. Cette démarche vise à mobiliser des entreprises en transition vers une mise en commun volontaire des ressources sur un territoire. Le programme national de synergies inter-entreprises (PNSI), expérimenté entre 2015 et 2017 dans 4 régions sous la tutelle de l’INEC et de l’ADEME, a permis la création d’un réseau de 500 entreprises multisectorielles recherchant des opportunités de synergies sur leur territoire. En référençant les flux entrants et sortants de ces entreprises, ce programme a permis la mise en place de 138 synergies. L’idée est ici que les déchets ou sous-produits de certaines activités peuvent être valorisées comme ressources dans d’autres. L’émergence récente des unités de biométhanisation sur l’ensemble des territoires offre une autre illustration de ce genre de synergie. Ces initiatives permettent de valoriser localement une grande quantité de déchets agricoles comme ressource à la création de gaz BioGNV, ainsi qu’à la création d’engrais fertile (digestat) qui limite le recours aux engrais chimiques.

Ces leviers, dont la liste n’est pas exhaustive, ne concerneront évidemment pas toutes les activités, ni toutes les familles d’achat. Ils illustrent simplement l’intérêt que l’acheteur peut trouver à s’ouvrir sur des alternatives innovantes. Cette démarche d’ouverture lui permettra de détecter des opportunités potentielles favorables à la triple performance, tout en renforçant de son ancrage territorial.

Après nous être penchés sur le besoin, intéressons-nous maintenant à une autre préoccupation essentielle de l’acheteur qui vise à le satisfaire : Le produit.

Article rédigé par Franck Babillon, pour Swott
 
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